Galerie des Modernes

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Salvador Dali

Surréalisme, Méthode Paranoïa-critique, Mysticisme

(Figueras, Espagne 1904 – Figueras, Espagne 1989)

Salvador Domingo Felipe Dali I Domènech, né en 1904, est le plus illustre représentant du Surréalisme et le peintre le plus célèbre du XXe siècle. Il dévoile très jeune un précieux don pour le dessin et peint son premier tableau en 1910, alors à peine âgé de six ans. En 1919, alors qu'il est en terminale à l'institut Ramón Muntaner, il édite avec plusieurs de ses amis une revue mensuelle, Studium, qui présentait des illustrations, des textes poétiques et une série d'articles sur des peintres comme Goya, Velázquez et Léonard de Vinci. Influencé très jeune par l'impressionnisme, il cherchera son style en puisant auprès de différents mouvements artistiques.

Entre 1919 et 1921, Dali peint principalement des portraits et des paysages, aux couleurs vibrantes de lumière. Il fait de nombreuses expérimentations et s’intéresse aussi bien à l’Impressionnisme ou au pointillisme qu’au fauvisme. En 1921, il quitte Figueras pour recevoir une éducation artistique académique à Madrid. Il s’installe en 1922 dans la célèbre résidence d'étudiants de Madrid, s’initie à la nature morte et s’essaye au cubisme. La même année, il fonde avec des amis le groupe socialiste Renovació social. Il attire rapidement l'attention par son caractère excentrique de dandy. Cependant, ce furent ses peintures, influencées par le cubisme qui attirèrent le plus l'attention de ses camarades de résidence, notamment Federico García Lorca, Pepín Bello, Pedro Garfias, Eugenio Montes, Luis Buñuel, et Rafael Barradas. Il réalise alors sa première exposition collective à la Galerie Dalmau à Barcelone en 1922. 

En 1924, Salvador Dalí illustre une publication du poème en catalan Les Bruixes de Llers (Les sorcières de Llers) d'un de ses amis de la résidence, le poète Carles Fages de Climent. Dans la résidence, il refuse les avances amoureuses du jeune Lorca, qui lui dédia plusieurs poèmes. L'année suivante, à Madrid en 1925, il participe à la Première Exposition de la Société des artistes ibériques et sa première exposition individuelle est présentée aux Galeries Dalmau de Barcelone. A cette période, il rejette l'avant-garde et recherche des sources auprès des traditions picturales italiennes. Dali est alors fortement influencé par la construction, l’éclairage et la technique néo-réaliste de Derain. La même année, il est renvoyé des Beaux-Arts car le jeune peintre conteste le talent de ses professeurs. C’est alors qu’il approfondit et multiplie les recherches sur les techniques qu’il maitrise déjà, comme l’impressionnisme, le pointillisme, le futurisme, ou encore le cubisme,qui continuent à influencer ses œuvres de 1926-1927, même si l’on préssent déjà un fort élan vers le surréalisme. En 1926, sur les conseils de son ami Miro, Dali réalise son premier voyage à Paris, muni de deux lettres de recommandation destinées à Max Jacob et à André Breton. Toujours élogieusement recommandé par Miro, Dali rencontre alors Picasso. En 1928, il publie le Manifeste Jaune et réalise l’année suivante son premier film avec Luis Buñuel, Un chien Andalou. Cette même année, Dali commence à peindre des « photographies en trompe l’œil », devenant ainsi, un quart de siècle en avance, le précurseur des Hyperréalistes. Il utilise cette technique cette précision de photographies peintes à la main pour retranscrire des images de rêves. Les fantasmes représentés dans ses œuvres vont des souvenirs fétiches aux prémonitions et hallucinations. Débute alors sa série Appareils qui l’amène à la libération de sa peinture paranoïaque-critique. La même année, Dali part à Paris et rencontre Tzara et les surréalistes par le biais de son ami peintre Miró. Il rencontre également Paul Eluard, accompagné de Gala, qui deviendra sa muse et sa femme.

En 1930, Dali met au point sa célèbre méthode de Paranoïaque-critique. La même année il sort son second film L’Age d’Or. En 1931, il réalise sa première exposition individuelle à la Galerie Pierre Colle de Paris où il présente notamment ses célèbres montres molles, comme dans son célèbre tableau Persistance de la mémoire. En 1933, Dali participe à la première exposition surréaliste aux Etats-Unis et collabore régulièrement à la revue Le Surréalisme au Service de la Révolution.

En 1934, on assiste aux premières divergences entre Salvador Dali et André Breton. André Breton, qui reproche à Dali sa mondanité, lui donne le surnom d’Avid Dollars, et voit d’un mauvais œil que partout dans le monde on le considère comme le plus illustre représentant du Surréalisme. Il expose notamment à l'Exposition du cinquantenaire au Salon des Indépendants du Grand Palais de Paris, sans prendre en compte l'opinion du reste des surréalistes qui avaient décidé de ne pas y participer, un fait qui entraîne  pratiquement son expulsion du groupe dirigé par Breton. Pourtant, le peintre y présente Hommage à Guillaume Tell, qui est un adieu à son père, la métamorphose de l’enfant libéré de l’autorité paternelle. Cette œuvre permet à Dali de transformer son complexe oedipien en mythologie personnelle. La même année, deux expositions individuelles de Dalí sont organisées : l'une à la Julien Levy Gallery et l'autre à l'Avery Memorial du Wadsworth Atheneum, Hartford (Connecticut). Il réalise également sa première exposition individuelle à la Zwemmer Gallery de Londres.

En 1936, Dali participe, à Paris, à l’exposition du Surréalisme à la Galerie des Beaux-Arts et à la Galerie Charles Ratton. En juin, il participe à l'exposition surréaliste internationale qui se tient aux New Burlington Galleries de Londres. Le 14 décembre, la revue Time lui consacre sa couverture, avec une  photo  de Man Ray. Il participe également à l'exposition "Fantastic Art Dada Surrealism" au MoMA de New York. La même année, il publie un essai capital, La Conquête de l’Irrationnel, où l’artiste explique ses recherches : « Activité paranoïaque-critique : méthode spontanée de connaissance irrationnelle fondée sur l’association interprétative-critique des phénomènes délirants ». Cependant, la Guerre d’Espagne éclate et le couple Gala et Dali part alors en Italie où le peintre est fortement influencé par les figures des maîtres de la Renaissance.

En 1936, Dali transforme une reproduction en plâtre de la célèbre sculpture grecque, la Vénus de Milo, en l’ouvrant par le biais de 6 tiroirs situés : 1 sur le front, 4 sur le buste et 1 sur le genou gauche. Les personnages à tiroirs font partie de l’iconographie de Dali, ils reviennent souvent dans ses dessins, sa peinture, mais ici c’est à la sculpture classique qu’il applique son motif. Dans la symbolique freudienne les tiroirs correspondent aux profondeurs du psychisme et Dali, qui vénérait le père de la psychanalyse, suit cette conception. 

En 1938, Dali participe à l’exposition internationale du Surréalisme, qui marque l’apogée du mouvement. La même année, grâce à Stefan Zweig, Dali rencontre Sigmund Freud, véritable révélation pour l’artiste qui dessine plusieurs portraits du psychanalyste autrichien.

L’année 1939 marque la rupture complète de Dali avec le Surréalisme, et notamment avec Breton qui, selon l’artiste espagnol, imposait trop de limites à l’esthétique de l’inconscient et qui ne laissait pas de place à l’aventure incontrôlée, alors que Dali revendique un surréalisme sans limite. L'article de Breton Des Tendances les plus Récentes de la Peinture Surréaliste annonce l'expulsion de Dalí du groupe surréaliste. La même année, au Metropolitan Opera House de New York, le ballet Bacchanale est représenté pour la première fois avec livret, costumes et décors de Salvador Dalí et chorégraphie de Léonide Massine.

En 1940, l'incursion des troupes allemandes à Bordeaux, pousse le couple à partir vivre aux États-Unis, où ils resteront jusqu'en 1948. Le couple s’installe à New York, où Dali rencontre un grand succès, il décore l’appartement d’Helena Rubinstein, collabore régulièrement avec de grandes revues comme Vogue ou Harper’s Bazaar et réalise de nombreux décors et costumes pour divers ballets et pièces de théâtre. En 1941, le Museum of Modern Art de New York organise une exposition « Dalí – Miró ». Son intérêt pour  la création de bijoux s'éveille, lequel se poursuivra tout au long de sa carrière. Dalí commence également sa collaboration avec le photographe Philippe Halsman qui continuera jusqu'à la mort de celui-ci en 1979. En 1945, l'exposition Peintures récentes de Salvador Dalí est inaugurée à la Bignou Gallery. À cette occasion, il présente le premier numéro du Dalí News, qu'il édite lui-même et dans lequel il ne parle que de son personnage et de son œuvre.

En 1948, le couple retourne en Europe. À son retour en Catalogne en 1949, Dali se tourne vers le catholicisme, se rapproche de la peinture de la Renaissance et s’inspire des évolutions scientifiques de son temps pour faire évoluer son style vers ce qu'il nomme Mysticisme corpusculaire. Il se montre particulièrement intéressé par les progrès scientifiques relatifs à la fusion et à la fission nucléaires. Dans ses créations de cette période, nous pouvons observer l'influence de la bombe atomique et de ses effets  sur sa création.

En 1952, plusieurs expositions lui sont consacrées à Rome, à Venise, et aux Etats-Unis. En 1953, Dali fait une conférence très appréciée et remarquée à la Sorbonne sur sa méthode de création artistique.

Au début des années 1960, il crée de grandes toiles mystiques comme le Concile Œcuménique. En 1961, Dali réalise les décors pour sa création Le Ballet de Gala, dont la chorégraphie est faite par Boris Béjart.

En 1964, il obtient la Grande Croix d'Isabelle la Catholique, la plus haute distinction espagnole. Une grande rétrospective organisée par Mainichi Newspapers est inaugurée à Tokyo; l'exposition parcourt ensuite différentes villes japonaises. Les Éditions de La Table Ronde publient Journal d'un génie. En 1965, l'exposition anthologique Salvador Dalí 1910-1965 se tient à la Gallery of Modern Art de New York. En 1968, il participe à l'exposition Surréalisme et Dadaïsme et leur héritage qui se tient au Museum of Modern Art de New York. Cette même année, Dalí de Draeger est publié, le peintre en écrit lui-même le prologue. En 1969, il achète le château de Púbol qu'il décore pour Gala. Il sera ainsi nommé Marquis de Púbol par le roi Juan Carlos I.

Dans les années 60 et 70, l'intérêt du peintre s'accroît pour la science et l'holographie, qui lui offrent de nouvelles perspectives dans sa quête constante de la maîtrise des images tridimensionnelles. Dalí étudie et utilise les possibilités des nouvelles découvertes scientifiques, surtout celles relatives à la troisième dimension. En 1972 se déroule la première exposition mondiale d'hologrammes que Dalí a créée en collaboration avec Dennis Gabor et présentée aux Knoedler Galleries.

En 1978, Dali découvre les travaux du mathématicien René Thom sur la théorie mathématique des catastrophes, ce qui influencera son œuvre et lui fera prendre un nouveau tournant. Le Guggenheim organise une exposition de ses peintures hyper stéréoscopiques. La même année, Dali est élu à L’Académie des Beaux-Arts de Paris. Une grande rétrospective lui est consacrée au Centre Georges Pompidou puis à la Tate Gallery de Londres.

En 1983, une grande exposition anthologique : « 400 œuvres de Salvador Dalí de 1914 à 1983 », se tient à Madrid, Barcelone et Figueras. Ses dernières œuvres picturales datent de cette période. Cette même année, Dali peint son ultime tableau La Queue d’Aronde, une peinture largement influencée par la théorie de René Thom sur les catastrophes. En 1984, suite à un incendie au château de Púbol, Dalí transfère définitivement sa résidence à la Torre Galatea, Figueras, où il vit jusqu'à sa mort en 1989. Deux musées lui furent dédiés de son vivant, le Salvador Dali Museum et le Théâtre-Musée Dalí, créé par Dali lui-même, comme une œuvre surréaliste à part entière.

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