(Couterne, 1904 – Paris, 1987)
Jean Hélion, né Jean Bichier, est l’un des peintres français qui a contribué à faire connaître l’Art Abstrait aux Etats-Unis. En 1920, Jean Hélion arrête ses études de chimie et s’installe à Paris pour devenir dessinateur en architecture. Ses nombreuses visites aux Musée du Louvre lui font découvrir la peinture. Il décide alors qu’il deviendra peintre, et réalise ses premiers tableaux dés 1922, des portraits et paysages principalement. Il découvre les œuvres de Derain, Matisse et Cézanne. Ses premières œuvres sont dans une tendance très géométrique. Le jeune peintre tend rapidement vers l’Abstraction, afin de privilégier le rythme et le mouvement dans ses compositions.
En 1925, le collectionneur d’art Georges Bines lui achète une première œuvre. Fort de son succès, Hélion décide de suivre des cours de dessins, de nus principalement, à l’Académie Adler. Dés 1926, Hélion découvre le Cubisme et la peinture moderne. En 1928, Jean Hélion participe au Salon des Indépendants et fréquente le cercle artistique de Montparnasse.
A partir de ses natures mortes, Hélion développe un langage de signes qui donne naissance à ses premières peintures abstraites. Hélion poursuit ses recherches sur l’Abstraction et expose, dés 1928, ses premières toiles abstraites à la Galerie Dalmau à Barcelone.
Jean Hélion forme, avec Theo van Doesburg, Otto Carlsund et Léon Tutundjian la revue Art Concret, qui très vite devient un groupe artistique. Le Groupe Art Concret prône un « art entièrement conçu et formé par l’esprit avant son exécution, ne devant rien recevoir des données formelles de la nature ».
L’aventure de l’Art Concret se poursuit au sein d’un groupe élargi qui devient, en 1929, le Groupe Abstraction-Création, et très vite rejoint par Arp, Delaunay, Gleizes et Valmier.
Jean Hélion rencontre Charchoune, Mondrian, et plus tard Léger, Calder, Ernst, Tzara et Duchamp.
En 1932, Hélion s’installe à New York, et le Groupe organise sa première exposition aux Etats-Unis. Cependant, Jean Hélion se détache très vite du Groupe Abstraction-Création et préfère poursuivre sa création indépendamment. Il quitte définitivement le groupe en 1934 et retourne à Paris. C’est alors qu’il se rend compte qu’il est parvenu à mettre au point un vocabulaire qui constitue des moyens de définir la vie et le monde : « Nul idéal ne me parut jamais plus grand : inventer le monde tel qu’il est vraiment ». C’est alors que les éléments de ses tableaux deviennent petit à petit des figures. Jean hélion poursuit ses recherches picturales et esthétiques, complexifiant les rapports chromatiques entre les figures et laissant ainsi s’accentuer les caractères anthropomorphiques.
De 1934 à 1935, Hélion voyage beaucoup en Europe, notamment à Londres ou en Suisse. Il rencontre Kandinsky et Hartung. A Paris, Hélion a installé son atelier Boulevard Saint Jacques, où il entreprend, ces années-là, des compositions de grands formats. En 1936, Hélion participe à de nombreuses expositions collectives à Paris, Londres et Oxford. Cette même année il rencontre le surréaliste André Breton.
A la fin des années 1930, on assiste à une certaine émergence de nouvelles formes dans ses compostions, et Hélion commence à souligner tous les contours de ses figures. L’année 1939 marque définitivement la séparation d’Hélion et de l’Abstraction. Ces dernières compositions abstraites sont Composition Dramatique et Figure tombée, qui illustre la chute en lui-même de l’Abstraction, ainsi qu’une série de tètes. De cette même année date sa première toile véritablement figurative : Au Cycliste.
En 1942, Hélion retourne au Etats-Unis et y retrouve Calder, Ernst, Léger et Mondrian. En 1945, Hélion rencontre la fille de la richissime et extravagante Peggy Guggenheim, Pegeen, et l’épouse. Le couple s’installe à Paris l’année suivante, et, en 1947, Hélion réalise une de ses toiles majeures, A Rebours. Dans cette peinture, toutes ses recherches antérieures, depuis ses premières abstractions, y sont résumées. Cette œuvre annonce également deux thèmes qui deviendront des thèmes centraux dans ses œuvres plus tardives : le personnage des Scènes Journalières et le Nu Renversé.
En 1948, Hélion réalise sa première série des Journaliers et Natures Mortes à la Citrouille, thème qui sera présent dans beaucoup de ses tableaux par la suite. En 1949, Hélion se met à peindre beaucoup de nus, presque unique figure de cette année là.
Au début des années 1950, Hélion commence à peindre d’après nature. Il poursuit le réel jusqu’à un naturalisme poussé. C’est alors qu’Hélion entre dans l’extrême figuration. Il intègre dans ses compositions des scènes de la vie quotidienne ou des objets usuels dans ses natures mortes. Le vérisme de sa nouvelle manière de créer et de concevoir sa peinture l’exclura pour un temps de la scène artistique parisienne vouée à l’Abstraction. Mais Hélion ne renonce cependant pas à la figuration et continue à peindre librement, privilégiant, au début des années 1960, la tache de couleur plutôt que le détail.
En 1965, Hélion participe à la Biennale de Paris, et le Centre National d’art Contemporain lui organise une exposition itinérante en France. En 1970, le Grand Palais lui consacre une grande rétrospective.
Vers la fin des années 1960, Hélion souffre de cécité et subit une double opération de la cataracte. Cet événement marquera fortement sa manière de peinture. Il intègre dans ses œuvres des personnages aveugles avec des cannes blanches.
Dans ces années là, Hélion peint principalement des scènes de la rues : terrasses de café, étalages de commerçants, marchés, orchestres de rues. Les croquis sont exécutés dans la rue et il peint dans son atelier.
En 1979-1980, le Musée national d’Art Moderne organise une exposition itinérante consacrée à ses dessins. Une grande rétrospective est organisée dans trois villes : Pékin, Shanghai et Nanchang.
Dans les années 1980, sa vue s’affaiblit et le peintre ne voit plus que d’un œil. Cependant, il travaille sans répit à la réinterprétation et peint de grands formats, comme pour exercer son œil à la couleur et ne pas peindre entièrement ses talents de peintre.
Jean Hélion a toujours su exprimer dans ses œuvres sa jeunesse d’esprit à la travers la vivacité de ses couleurs et aux rythmes de ses compositions. Le peintre a toujours été en rupture avec les mouvements picturaux de l’époque, surtout celle qui lui a fait humaniser ses Abstractions. Sa peinture présente un indéniable caractère mnémonique : les œuvres se doublent, les motifs sont insistants et les thèmes obsédants. Le passage de l’abstrait au figuratif chez Hélion est ce moment capital qui dépasse une des plus belles œuvres de la peinture contemporaine.