Karel Appel, artiste néerlandais cosmopolite, est l’un des membres fondateurs du groupe CoBrA, créé à Paris en 1948 puis dissout en 1951. Ce groupe européen, composé d’artistes tels que Asger Jorn ou Pierre Alechinsky, se propose de dépasser les académismes de l’époque, comme l’art abstrait, considéré alors comme trop rigide et rationnel. Ces artistes prônent un art spontané et expérimental, incluant un ensemble de pratiques inspirées du primitivisme. Ils s’intéressent particulièrement aux dessins d’enfants et à l’art des fous avec une ambition internationale, fidèles aux principes des avant-gardes.
Contemporain de la Compagnie de l’art brut fondée par Jean Dubuffet au même moment, CoBrA s’inscrit dans ce courant de contre-culture. Il rejette les valeurs établies et propose un nouveau départ, libéré des conventions et revendiquant la spontanéité du naïf.

Artiste voyageur, Karel Appel a vécu dans plusieurs pays, notamment en France. Il s’installa à Paris en 1950. Son travail est alors activement soutenu par des critiques tels que Michel Ragon, ou Michel Tapié qui y voit l’équivalent européen de l’expressionnisme abstrait américain incarné notamment par Jackson Pollock. Tout au long d’une carrière de 60 ans, l’artiste a manifesté une intense énergie créatrice, pratiquant peinture, sculpture, estampe, usant souvent de couleurs très vives qui exaltaient sa figuration expressionniste. 
Karel Appel est mort le 3 mai 2006 à l’âge de 85 ans, à Zürich en Suisse.
Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions à travers le monde et font partie des collections de musées prestigieux : Stedelijk Museum, Amsterdam ; Tate Modern, Londres ; M.N.A.M., Centre Georges Pompidou, Paris ; Solomon R. Guggenheim Museum, New York, National Museum of Art, Osaka ; Musée d'art moderne et d'art contemporain, Nice ... 

L’évocation des plaisirs de la mer est un sujet classique rendu populaire par les peintres à toutes époques. La mer, la plage, les baigneurs inspirent par les possibilités infinies de représentation et l’immense variété de suggestions de sensations.

Notre tableau de Karel Appel, réalisé vers 1980, met en scène des baigneurs sur une plage face à la mer. Silhouettes ambiguës, homme, femme, enfant. Ces différents personnages qui peuplent le lieu sont présentés sur un seul et même plan, la mer, les nuages, les rochers, le sable. Ces figures humaines, qui laissent deviner leur posture, assisse, allongée ou debout sur le sable, semblent contempler la mer et l’horizon. La tonalité et la sobriété de la palette, la présence des nuages, semblent indiquer un ensoleillement faible. Quand le soleil se cache… l’heure n’est plus à la baignade… Dans ce cas, la mer n’est plus ce lieu de joie et d’amusement mais bien un cadre propice à la rêverie contemplative, à l’abandon de l’âme. 
Regards et réflexions se perdent alors dans l’immensité de l’océan …

Gustave COURBET                        
Le Calme, Marine, 1865-1867                    
Huile sur toile, Lons-le-Saunier, Musée des Beaux-Arts      

Édouard MANET
Sur la Plage, 1873
Huile sur toile, Paris, Musée d'Orsay