(Paris, 1883 - Paris, 1956)
Trois Jeunes Femmes dans un Paysage, 1914
Huile sur les brins de bois d’un éventail
Signée et datée vers le haut et vers la droite
Marie
Laurencin
1914
Dimensions de l’éventail ouvert : 20 x 37 cm
Provenance :
- Marie de Rohan-Chabot (1876-1951), Princesse Lucien Murat, Paris
- Princesse Salomé Murat-Chalandon (1926-2016), Paris
- Collection privée, par descendance, Paris
Exposition :
Le Soleil des Morts, projet organisé par Margaux Knight & Eladio Aguilera Hermoso,
du 20 septembre au 18 octobre 2024, 11 Cité Falguière, Paris 15e
Bibliographie :
Oeuvre inscrite dans les Archives Marie Laurencin de Monsieur Daniel Marchesseau
Lorsque Marie Laurencin réalisa en 1914 cet éventail peint, elle s’était expatriée en Espagne avec son mari Otto von Wätjen, un baron allemand dont elle prit la nationalité par son mariage. Le couple surpris par la déclaration de guerre au mois d’août durant leur voyage de noces, se réfugia en Espagne jusqu’en 1919. Pendant son exil, pour se réconforter, Marie Laurencin faisait de fréquentes visites au Musée du Prado de Madrid. Sa découverte des maitres anciens espagnols eut un profond impact sur sa propre peinture, une technique plus léchée et un goût nouveau pour le détail. Ses œuvres gagnèrent aussi en poésie et en sensualité. À partir de cette période, elle ne peindra quasiment que des élégantes parées d’accessoires qui soulignent leur beauté. Des jeunes femmes qui présentent invariablement une carnation très claire, une silhouette gracile et une attitude énigmatique…
Marie Laurencin a très peu réalisé de tableaux durant cette période d’exil.
Le choix de peindre sur un éventail n’est sans doute pas anodin car si l’objet est très populaire en Espagne, il est aussi un symbole de féminité. Sa petite dimension et sa grande légèreté le rendent facilement transportable pour le couple qui voyageait beaucoup.
De retour en France, Marie Laurencin fit certainement cadeau de cet éventail Trois filles dans un jardin à son amie écrivaine la Princesse Lucien Marie Murat, née Marie de Rohan Chabot qui le conserva précieusement.
Cette ravissante petite composition de Marie Laurencin, telle une miniature, réalisée à la peinture à l’huile sur les brins en bois teinté en noir de l’éventail, condense déjà tous les grands principes de son Œuvre.
Elle représente, trois jeunes filles, vêtues de robes aux tons pastels, esquissant un mouvement de danse. L'utilisation de la palette dans une gamme de roses, de verts et de bleus soulignent la délicatesse des jeunes modèles. « Je n’aimais pas toutes les couleurs », dira l’artiste en 1934. « Alors pourquoi se servir de celles que je n’aimais pas ? Résolument, je les mis de côté. Ainsi, je n’employais que le bleu, le rose et le vert, le blanc et le noir ».
Les exemples d’éventails peints par Marie Laurencin sont très rares.
En 1911, elle en orna un de charmantes scénettes aquarellées sur la feuille de papier plissé, et l’offrit en témoignage d’amour, au poète Guillaume Apollinaire avec qui elle formait un couple depuis 1907.
Marie LAURENCIN
Éventail, 1911
Aquarelle sur papier, montée sur bois
dédicacé, signé et daté :
A Guillaume Apollinaire
Son amie
Marie Laurencin May 1911
44 x 24 cm
Collection privée
Marie Laurencin appréciait particulièrement l’éventail. Cet accessoire délicat se retrouve dans plusieurs tableaux de l’artiste dont de nombreux autoportraits.
Marie LAURENCIN
L’Éventail, 1911
Huile sur carton
Musée Marie Laurencin, Nagano-Ken, Japon
Marie LAURENCIN
Les Deux Espagnoles, 1915
Huile sur toile
« Entre les fauves et les cubistes
Prise au piège, petite biche.
Une pelouse, des anémies
Pâlissent le nez des amies.
France, fille nombreuse,
Clara d'Ellebeuse,
Sophie Fichini.
Bientôt la guerre sera finie
Pour que se cabre un doux bétail,
Aux volets de ton éventail.
Vive la France ! »
Jean COCTEAU sur une musique de Georges AURIC
Marie LAURENCIN en 1924
Photographie probablement prise par Francis POULENC